2018-11-19

P_Pierre Vincent et la Porte Chenevière


Je vais vous présenter le père de Claudine Vincent (sosa 21789) dont la descendance est bien connue. J’ai longtemps cherché ses traces, il ne figure dans aucun des nombreux arbres généalogiques publiés avant le mien.
Je peux assurer que Pierre Vincent, bourgeois de Lyon, est bien le père de Claudine Vincent.
Je ne trouve pas leurs actes de naissance ni de décès. J’ignore le nom de la mère de Claudine, et si elle avait des frères.
Vous pensez bien que j’ai cherché autant que j’ai pu. Le seul espoir serait de lire le contrat de mariage de Claud[in]e Vincent avec Claude Bullion en 1544, si je connaissais le nom du notaire (à Lyon ?)  
Le blason des Bullion, « trois fasces ondées, surmontées d’un lion naissant est écartelé de Vincent, qui est d'argent à la bande de gueules, accompagnée de six coquilles du même, mises en orle. »
Voilà qui me donnerait envie de m’intéresser à l’héraldique.



Pierre Vincent
Pierre Vincent, bourgeois de Lyon, vivait au milieu du XVIe siècle.
Cet homme possédait probablement des bateaux pour transporter ses marchandises sur la Saône. D'ailleurs, il a marié sa fille Claudine à Claude Bullion, marchand par eaux habitant Mâcon.
En 1529-1530, dans les comptes de la ville de Lyon, on trouve Pierre Vincent, marchand fournissant du blé.
« Approvisionnement achat de blé fait par la ville à Pierre Vincent, marchand de Lyon. »



Ses bateaux devaient remonter la Saône, tirés par les chevaux sur des chemins de halage, jusqu’à Chalon-sur-Saône.
En août 1546, on le voit justement à Chalon où il achète, pour 1600 livres tournois, la charge de récolter le droit de bichenage de tout grain. Ce droit s’appelle couponage et cartenage  à Lyon, il est perçu sur les marchands qui vendent le blé à la Grenette. Le bâtiment de la halle aux grains demeure encore visible rue des Cordeliers à Lyon, Pierre Vincent devait fréquenter ce marché.

On peut même savoir où se trouvait la maison de Pierre Vincent.  
Puisqu’en 1552-1553, la ville de Lyon comptabilise des «  fraiz faict pour avoyr faict abattre et desmollir la masse de pierre que Pierre Vincent, marchant de ladicte ville auroit avancé sur la rivière Saône, bastissant sa maison joignant la porte Chanavier, laquelle estoit fort préjudiciable au cours de la rivière et dangereuse pour les basteaulx y trafiquans durant le cours d’icelle, aussy pour faire ung port au lieu de ladicte maison »


Lyon 1550 _Gallica ark:/12148/btv1b53102528g

La porte Chenavyère se trouvait alors à peu près à la place située entre le port de la Feuillée et la boucherie des Terreaux. Au début du XVIe, un pont-levis avec deux grilles fermait le « Portail Chenevier »


En 1560 -1561
La place près de la porte Chenevière a été donnée à pension (en location), à Pierre Vincent pour installer un port. Ce qui était sûrement pratique pour amarrer ses propres bateaux.

En 1564
Son gendre, Claude Bullion, gère la succession en tant que « mary de Claudine Vincent, fille et héritière de feu Pierre Vincent. » Claudine semble être la seule survivante de son père.
Cet habile financier tenait des rentes sur la gabelle. Il apparaît assez fortuné pour prêter de l’argent à la ville de Lyon, ce qui lui assurait une  « Rente payée par la ville à Pierre Vincent » .

Pierre Vincent est seigneur de Chamelet, en effet, le 12 janvier 1552, il a acheté la châtellenie vendue par le prince qui avait des dettes. Le 19 janvier 1561, il accepta ensuite de céder à l’amiable ce domaine à Charles IX. Il en a donc été propriétaire durant neuf années.

Pierre Vincent semble être protestant puisque sa fille est connue pour pratiquer la religion huguenote  calviniste. Elle a vécu en Suisse, car elle a déposé trois testaments chez un notaire de Genève.

On pourrait supposer (sans l'affirmer) que les Vincent appartiennent à la même famille qu’Anthoine Vincent, fils de Simon Vincent, imprimeur, libraire, de religion calviniste. Antoine Vincent, bourgeois de Lyon a été un consul de cette ville contemporain de Pierre Vincent. Il participa activement au développement de l'Église réformée de Lyon. Il émigra à Genève, ce qui montre encore un point commun avec Demoiselle Claudine Vincent.

Les descendants de Pierre Vincent, par sa fille Claudine, sont nombreux. Une partie est devenue catholique ; l’ambition et l’attrait de la noblesse les conduisirent à se rapprocher du pouvoir royal. Certains ont occupé de hautes fonctions où ils se sont enrichis sans vergogne. Effectivement, l'un d'eux, Claude de Bullion, ne fait pas honneur à la famille.

Pierre Vincent (sosa 43578) se place comme le plus ancien ancêtre lyonnais d’une branche bourguignonne. 


Bibliographie 
Annales de l’Académie de Mâcon, 1892
Indicateur héraldique et généalogique du Mâconnais, Adrien Arcelin, 1865
Yves Krumenacker, dir. Lyon 1562 capitale protestante, Editions Olivétan, 2009
Archives de Lyon, voir plan 1575
Inventaire des archives communales de Lyon vol 3

4 commentaires:

  1. Bravo pour ces recherches ! Que de pièces du puzzle déjà retrouvées, c'est impressionnant vu l'époque !

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  2. Toute essoufflée d'avoir grimpé la montée de la Grande-Cote, voilà que tu proposes de nous pencher sur le transport par voie d'eau et nous livre une autre page de l'histoire de Lyon.

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  3. L'arrière Grand-père de ma femme (un cousin des ancêtres de votre époux) n'a écrit que quelques lignes sur cette Claude Vincent.

    1 . Pierre Vincent, marchand de Lyon épouse ???
    2 . Claude Vincent, Dame de Layé ép. en 1544 Claude Bullion

    Merci d'avoir attiré notre attention sur cette lointaine ancêtre, un peu oubliée, mais très intéressante.

    YG




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    1. Dans ce court billet, je me suis intéressée à son père, Pierre Vincent. J'ai passé des années à récolter et à mettre en forme une partie de sa vie que je raconte ici. Concernant Claudine, sa vie est un roman. Quand à sa descendance, hum ... je préfère ne pas trop m'étendre sur la carrière de certains de ses fils !

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