2017-06-15

M_en Mâconnais au temps de la Révolution

Dans son livre de raison, l’arrière-grand-père nous donne le témoignage de son grand-père pendant la « Grande Peur » lors de la Révolution en Mâconnais.

Adrien écrit :

« Mon grand-père avait trente sept ans quand la révolution éclata. Son honorabilité et ses sentiments royalistes le désignaient à la haine des patriotes. Quand les mauvais jours arrivèrent il envoya sa mère[i] et ses sœurs se réfugier dans la montagne, du côté de Cenves, chez des braves paysans en qui il avait confiance et il attendit les événements dans sa maison de Fuissé.

La maison de Fuissé, aquarelle d'Adrien

On ne l’y laissa pas longtemps en paix. Une bande de sans-culottes vint l’y chercher et l’emmena prisonnier. On arriva le soir à Cluny. Ses gardiens, fatigués de la route, se mirent à boire copieusement et le plaçant au milieu d’eux, commencèrent à autour de lui une danse infernale sur l’air de la Carmagnole[ii]. Mon grand-père s’apercevant que quelques uns d’entre eux chancelaient par l’effet du vin[iii] qu’ils avaient bu en trop grande quantité, s’élança dans leur direction, les culbuta et parvint à s’échapper à la faveur des ténèbres. […]

La maison un siècle plus tard

Pendant ce temps-là ma grand-mère[iv] était revenue avec ses jeunes enfants[v] à Fuissé. Elle faillit y être victime de la brutalité républicaine. Une bande de vendangeurs, étrangers au village[vi] venant à passer devant la maison l’aperçut sur la galerie où elle était assise et l’un d’eux prenant une lourde pierre la lui lança en criant : « Mort aux aristocrates ! » La pierre effleura la tempe de ma pauvre grand-mère et alla briser un volet derrière elle. Un bruyant attroupement s’était formé sur la terrasse ; on criait ; on menaçait ; on vociférait. Elle envoya chercher le maire, le citoyen Larochette et lui raconta ce qui venait de se passer.



[i] Madelaine Solvy est sexagénaire
[ii] La Carmagnole est l’hymne des sans-culottes
[iii] Nous sommes en région de vignes et le vin est bon dans le Mâconnais
[iv] Rosalie Martine
[v] Antoine est né en 1800
[vi] Donc c’est l’époque des vendanges : septembre


En copiant ces lignes, je suis admirative du style d’Adrien A. (qui ferait bien de m’inspirer pour écrire dans ce blog). J’ai beaucoup de gratitude pour cet aïeul qui a passé sa vie à écrire les généalogies de ses familles, alors qu’il ne disposait pas de nos moyens actuels pour effectuer ses recherches.

2 commentaires:

  1. C'est bien d'avoir des récits autre que ceux des historiens.

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  2. Un récit très subjectif qu'il faut prendre comme un témoignage, sans porter de jugement sur les différents personnages. Ils n'avaient pas le recul que nous avons pour comprendre l'histoire.

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