2016-12-17

Il était une fois un berger arrivé chez nous pour la Noël

Au moment où j’ai rencontré Marxel, pour ce Rendez-Vous Ancestral, (#RDVAncestral) il était absorbé dans ses rêveries, il contemplait ses montagnes.
Je m’attendais à le trouver là, sur l’aire du Baou, je connaissais son point de vue préféré pour voir le Portaou dou Bliou.

Je m’approchai doucement, je lui dis que comme lui j’admirais le Mourre de Chanier majestueux en ce soir de Noël.  


Ce jeune homme portait une pèlerine négligemment ouverte par le vent, laissant voir une veste en drap de laine épaisse. Il se tenait fier et droit dans ses chaussures en cuir de Barjols dont la propreté m’étonna. Ce jour-là, le berger n’avait pas couru les chemins, il avait d’autres occupations puisque son mariage venait d’être célébré le 21 décembre 1610.
Le ciel devenait rose sur le plan de Canjuers et sur les Gorges du Verdon, la lumière rendait les montagnes  magiques.
Marxel calma son chien qui me faisait des fêtes et son beau sourire fut irrésistible lorsqu’il m’invita à le suivre : 
« Une double fête se tient se soir chez Magdallene Boyer. Nous fêtons nos noces et c’est la nuit de Noël. Le gros souper se prépare, viens donc, tu es des nôtres. »

Déjà l’obscurité avait recouvert notre village, j’essayais de trouver des re-pères, car j'étais transportée quatre siècles auparavant, j’étais éberluée, mais tellement heureuse d'être invitée par mon ancêtre Marcel Audibert (sosa 1376).


 Je vous assure que c’est un véritable conte de Noël que j’ai vécu ce soir-là.
Nous entrâmes dans la crèche où notre berger alla nourrir ses moutons, il s’attarda pour caresser sa mule. Nous montâmes à l’étage, je ne saurais l’affirmer mais il me semble que nous arrivâmes dans ma maison. Toute la famille était rassemblée dans une salle voûtée aux murs épais, je ne reconnus personne !

Marxel se dirigea vers Magdallenne, il lui murmura un secret, elle se tourna vers moi, alors son regard s’embruma d’une émotion violente. Malgré le soutien de son mari, ma toute jeune aïeule ne put franchir la distance qui nous sépare.

Il aurait fallu que je rencontre son père, prénommé Guilhem sur leur contrat de mariage et Pierre sur l’acte de baptême de la jeune épouse. Mais il y eut alors une grande agitation. Tous s'exprimaient dans la vieille langue provençale. Ils se mirent à chanter :
Cacho-fio
Bouto-fio
Un vieillard portait la bûche de Noël, il était accompagné d’un jeune enfant qui tenait un verre de vin. On alluma le feu dans la cheminée. Le papé versa le vin cuit sur la bûche qui sentait bon le bois d'olivier, la déposa dans l’âtre. On boute le feu.
Avant que j'aie pu essayer de comprendre, je fus entraînée dans une farandole autour de la table.

Cacho-fio

Bouto-fio

Alegre ! Diou nous alegre !

Calendo ven, tout ben ven

Diou nous fague la graci de veire l’an que ven

E se noun sian pas mai, 
que noun fugen pas mens


Bûche de Noël, 
Donne le feu 
Réjouissons nous 
Dieu nous donne la joie 
Noël vient, tout vient bien 
Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient 
Et si nous ne se sommes pas plus 
Que nous ne soyons pas moins.

5 commentaires:

  1. Très beau texte comme d'habitude qui nous plonge dans les parfums et les musiques de Provence.
    Ps J'ai trouvé une solution pour les commentaires: mon mobile!
    Marie

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  2. Merci beaucoup pour ces commentaires !

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  3. Ce billet nous transporte complètement ... Magnifique d'émotion, comme j'aime :)

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  4. Merci pour vos compliments qui me réchauffent le coeur.
    Joyeux Noël à vous !

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