2016-05-23

"Un membre permanent de la famille »

"Un membre permanent de la famille" Russell Banks, Ed.Acte Sud, 2015


Une douzaine de nouvelles mettent en scène des personnages en train de vivre de situations qui deviennent compliquées. Aux Etats-Unis, quand les ennuis commencent, tout peut basculer.
Russell Banks excelle à faire monter la tension qui maintient son lecteur en haleine.
 Ce sont des histoires de famille, comme le laisse pressentir le titre du recueil.
Sur la couverture du livre, un chien est le personnage principal de la nouvelle éponyme. Un animal doit-il être considéré comme un membre de la famille, permanent de surcroît ? 
Voilà une question pour les généalogistes, n’est-ce pas !
Ces instantanés racontent la vie de la classe moyenne américaine, son désarroi face à la solitude, ses rêves d’amour déçus, ses illusions sur le bonheur d’acheter …

Voici un aperçu pour vous donner envie de lire ces nouvelles :

Écouter battre dans une poitrine le cœur de celui qui manque.
Un père  échappe au contrôle de ses fils et commet des graves bêtises.
Une veuve découvre la possibilité de renaître pour une nouvelle vie, alors qu’elle fait le deuil de son mari.
Un ex-époux, en apparence tranquille, laisse la colère s’emparer de lui le soir de Noël.
Un couple en camping-car qui ne peut que rester silencieux face au deuil de leur chien.
Une fête chez des amis qui risque fort de mal tourner pour un homme vaniteux.
Les personnages balancent entre sauver les apparences ou se laisser aller vers le désespoir et en mourir. Entre mentir et ne plus savoir si l’on parle de soi. Les rôles s’inversent et l’on ne sait pas toujours qui est innocent, coupable ou irresponsable.
Les relations familiales sous la plume d’un grand écrivain, on est ému on aime.

Morceaux choisis :

  •  « Se sentait-il vraiment aussi seul qu’il l’avait fait croire à Ellen ? Si son mariage ne le faisait pas exactement souffrir, il le trouvait ennuyeux et se sentait invisible dans cette vie conjugale, comme un vieux meuble qu’on ne peut pas déplacer ou remplacer sans chambouler tout le reste de la pièce et que, du coup, on laisse là où il est en ne tenant plus compte de lui. »
  •  « Bien sûr, que je l’aimais ! Et il va me manquer terriblement. Nous avons été mariés trente-sept ans. Et je pourrais me focaliser là-dessus, sur ce que j’ai perdu. Je devrais peut-être, d’ailleurs. La plupart des veuves le feraient. Ou bien je pourrais me focaliser sur ce que j’ai vécu de bien, trente-sept ans en sa compagnie, et en être reconnaissante. Mais quand tu as été toute ta vie mariée à quelqu’un et que ce quelqu’un meurt, d’une certaine façon tu meurs aussi. Sauf si tu décides de renaître transformée en quelqu’un d’autre, en une personnalité encore indéfinie. Alors, c’est presque comme si tu avais l’occasion de redevenir adolescente. Pour l’instant c’est comme ça que je me sens. »
  •  « - Oh, je le sens. Tu le sens toujours quand un homme est dans la maison. Il a tendance à pomper toute l'énergie disponible. »
  •  « Après presque quarante ans de vie conjugale, Isabel, comme n’importe quelle autre femme, avait fait tant de petits compromis, tant de concessions pour faire coïncider sa vision de ce qui était désirable et nécessaire avec celle de son mari, qu’elle ne savait sans doute plus ce qui, pour elle seule, était désirable et nécessaire. »
. "C’est quelque chose comme : si on sait qu’on est vivant, on sait qu’on va mourir
— Alors vous avez décidé d’oublier que vous étiez vivant.
— Oui.
— Ce qui revient à mourir avant votre heure.
— Oui, c’est ça.”
               
" Pas mariée, pas d’enfants, pas de famille proche dans le coin, et cetera. Pas de vrai petit ami. Rien qu’un chat du nom de Spooky pour m’accueillir quand je rentre du travail. Ça veut dire être seule au monde, Stanley.
— Et ça ne te pèse pas, la solitude ?
Elle a haussé les épaules : “Pas plus qu’à toi, je pense. Avec ta femme, tes gosses et ton monospace."

  •  « Car bien qu'alors aucune des choses simples n'ait été particulièrement difficile pour eux, ils étaient assez vieux pour savoir que tout ce qu'ils ne feraient ou ne verraient pas maintenant, ils ne le feraient ni le verraient jamais. »

2 commentaires:

  1. Je reconnais que c'est tentant même si, habituellement, je ne suis pas fan de nouvelles. À mettre sur ma liste de livres à emporter en vacances. Merci de m'avoir donné envie…

    RépondreSupprimer
  2. Russell Banks est un auteur sympathique que je découvre,il est à Lyon ce soir pour les Assises Internationales du Roman. Il m'a donné une grande envie de lire ses romans.

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !