2018-10-05

Les mulets du sel_5


Épilogue.

Immédiatement après le procès, je suis retournée dans la maison de Joseph Audibert.

Vite vérifier qu’il est mort chez lui, le 15 juillet 1741 
à l’âge respectable de 83 ans.

Revenir aux sources des actes BMS de Saint-Julien, relire attentivement l’état civil et mieux comprendre les liens entre les habitants du bourg.

Revoir l’arbre des familles Audibert, Gaillardon, Guis et Guis pour essayer de deviner lesquels parmi les beaux-frères, les cousins, les amis ont pu les aider à traverser ces événements terribles.

L’acte de naissance de Françoise Gaillardon est très pâle, j’étais passée sur la page de novembre 1673 sans le voir. Son acte de décès lui donnait quatre-vingts ans et là j’ai pu rectifier l’erreur. Il est temps de mettre l’épouse de Joseph à la place d’honneur.

Donc en 1710, notre hôtesse avait 37 ans, entourée de leurs six enfants âgés de vingt mois à treize ans, elle a assistée impuissante à l’arrestation de son mari. Joseph a été soupçonné de complicité avec les muletiers pris comme contrebandiers du sel. Françoise avait accepté la bourse de l’un d’eux, lors de leur passage à l’auberge.

Comment a-t-elle vécu pendant les six mois où son époux était emprisonné à Aix ?  

Pour que l’auberge reste ouverte, elle veilla à ce que, de la salle à manger jusqu’aux chambres, tout soit en ordre, que la cuisine soit approvisionnée et la cave remplie.

On sait bien qu’il est faux l’alibi de Joseph qui prétendait être allé acheter du vin.
Mais si les tonneaux sont vides, que servir aux voyageurs ?


Joseph le fils aîné pouvait s’occuper de l’écurie pour qu’elle soit en état d’accueillir les mulets et se charger de leur nourriture. Cette responsabilité devait lui plaire, un jour il deviendra muletier.


Sans doute, leurs familles se sont réunies pour mandater un avocat compétent qu’on a bien rétribué. Peut-être, ils ont dû cacher les meubles et les biens que le couple possédait pour éviter qu’ils soient saisis. 
Quelle inquiétude pour payer l’amende de 300 livres, une somme importante !
La dot de Françoise était de 400 livres, 200 livres données le jour du mariage (le 7 février 1696) ; le reste étant payable par annuité, il a fallu plus de quarante-quatre ans pour que le compte soit soldé en 1740.


Après le 24 avril 1711 lorsque le jugement fut rendu, Joseph Audibert et André Gos sont sortis des prisons d’Aix. Ces deux hommes, Masseau et Le Sauteur, ont-ils reçu le fouet sur la place publique, comme on le craignait ?

Ce qui est certain, c’est qu’étant bannis de cette ville, ils sont rentrés rapidement chez eux à Saint-Julien. Ils furent bien accueillis par le village solidaire de leur rébellion contre la gabelle.
Jean Audibert, mon ancêtre (sosa 172), fut conçu dès la mise en liberté de son père puisqu’il naquit le 29 janvier 1712. C’est lui qui sera aubergiste.
André Gos a inscrit un enfant sur la même page du registre en février 1712. Je n’ai toujours pas réussi à relier ce « beau-frère » ou plutôt sa femme, Thérèse Gaillardon, avec la famille de Françoise.
Hespérite Audibert, huitième enfant des aubergistes, est née en mars 1715. Elle va épouser Joseph Pellas, un muletier devenu marchand. Une vérification dans mon arbre m’apprend que son époux est le bébé que Thérèse Vassal (sosa 703) portait dans ses bras en regardant la farandole en 1710.

Nous avons retrouvé Joseph Audibert, l’aubergiste, entre 1698 et 1736, comme protagoniste de la mystérieuse affaire relatée dans la série :
« Une feuille cachée sous une poutre brûlée. »  


Dans le prochain billet, j'espère rencontrer l’auteur des Mulets du sel.

 Voilà tous les épisodes depuis le début :


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