2017-06-30

Z_Allons-Z-enfants

Les soldats de l’an II


Après la Révolution, plusieurs décrets de mobilisation des jeunes gens ont suscité du mécontentement au sein de la population.


Le 22 février 1793, la Convention décida une levée de 300 000 hommes. On fit appel aux volontaires, mais comme vous vous en doutez, ils ne se précipitèrent pas ! 



Le 23 août 1793, c’est une levée en masse par tirage au sort, le service militaire devint obligatoire sans qu’il fut permis de se faire remplacer en payant.

D'abord tous les garçons de 18 à 25 ans étaient concernés, puis tous les hommes, entre 18 et 40 ans, célibataires ou veufs et sans enfants.

L’ordre était donné d’arrêter les pères et les mères des jeunes conscrits qui avaient déserté.


Les conscrits réfractaires devaient se cacher, quitter leur village. Ils se réfugiaient en bande dans les bois, ils braconnaient; ils entraient dans la clandestinité avec le risque de s'allier à des brigands pour se nourrir. 
Le brigandage était fréquent dans cette période, par conséquent les routes étaient peu sûres. Les populations villageoises étaient complices ou victimes, la répression a été terrible.

Tout cela a provoqué beaucoup d’agitation et de révoltes dans les campagnes françaises, particulièrement dans les régions de Provence et Vivarais-Velay qui me sont proches.


Il faudrait aller dans nos forêts et recenser parmi nos ancêtres, leurs frères et leurs cousins. Que sont-ils devenus tous ces gars susceptibles d’être réquisitionnés ?
Je ne les ai pas encore tous mobilisés ces jeunes garçons qui restent encore cachés dans mes forêts généalogiques, mais cela pourrait être un projet.

Et vous, connaissez-vous les vôtres ?


Bibliographie :
  • La vie sociale en Provence intérieure au lendemain de la Révolution, Maurice Agulhon, 1970
  • Alan Forrest, L’armée de l’an II : la levée en masse et la création d’un mythe républicain, Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 335 | janvier-mars 2004
https://ahrf.revues.org/1385


2017-06-29

Y_l’idée de Félicité

 
En 1790, trois fillettes discutent au milieu des fleurs du jardin. 


Nina est une ravissante poupée, âgée de quatre ans. Pauline et Henriette, ses demi-sœurs, l’écoutent avec une tendresse doublée d’une certaine jalousie car la petite fille attire toutes les attentions.  Plus tard, elle sera une jeune femme très courtisée.

Écoutons-les :

Mon papa est un héros, affirme la petite.
Oh tu as bien de la chance que ton père soit vivant, lorsque j’avais ton âge, le nôtre était déjà mort, dit Henriette, l’aînée qui vient de fêter ses douze ans.
Mon papa, c’est votre papa maintenant. Je veux bien vous le prêter puisque vous n’en avez plus et que vous êtes mes sœurs, dit Nina qui essaye de rattraper sa bévue.
Pourquoi dis-tu que Félicité est un héros ? Insiste Pauline, de deux ans sa cadette.
Mon papa, il nous a sauvés des méchants qui voulaient brûler le château. Mais il n’a pas eu peur, il a dit « Sortez les tonneaux des cave et servez à boire à ces hommes »


 
Oui, je m’en souviens dit Pauline. Sophie, notre maman, nous disait de rester sans pleurer auprès d’elle.

Alors les hommes ont ri très fort, ils ont bu le vin, ajoute Henriette, mais maman n'a pas voulu que nous allions les voir. Nous nous sommes retirés dans les chambres, je sentais bien que Maman était inquiète. Les hommes étaient bruyants, il y a eu des bagarres.

J’ai une question, ajoute Nina:
Est-ce que les sans-culotte n’avaient pas de culotte ?

Les trois sœurs éclatent de rire et s’envolent à la poursuite des papillons dans les massifs de fleurs.

2017-06-28

X_ Se croiser

 
Auraient-ils eu l’occasion de se croiser, tous nos ancêtres, pendant cette période troublée de la Révolution française ?


Crossroads Image (C) by www.martin-liebermann.de

Je ne crois pas, 
la vie de chacune de nos familles était trop différente pour qu’elles aient pu se rencontrer.

Le port de Marseille, Joseph Vernet


Mais, peut-être à Marseille ?

Il n’est pas impossible que certains mes ancêtres aient croisé le chapelier Joseph P, aïeul de mon mari. (sosa 60)

Imaginons ces hommes :
Guillaume Nicolas et Toussaint Cauvin, les jardiniers, lui auraient acheté des chapeaux de paille.
Nicolas Deleurye, le marchand pelletier, l’aurait rencontré à la foire de Beaucaire
Jean Baptiste Simon, le marin l’aurait bousculé alors qu’il courait s’embarquer sur le port. Celui-ci aurait d'ailleurs pu croiser d’autres de mes marins tropéziens en partance pour le Levant.

Il faudrait leur dire : 

Messieurs,
Gardez votre tête sur les épaules
Prenez le temps d'échanger un sourire.
Dans deux siècles 
vous aurez des descendants communs.


2017-06-27

W_ Victoire et Marianne



Les jumelles Victoire et Marianne sont nées le 25 frimaire de l’an 4, à Saint-Tropez
Leurs parents ont choisi ces beaux prénoms dans l’air du temps de la Révolution et ce double choix me laisse deviner leur tendance politique.

Marianne
Les prénoms Marie Anne sont les plus répandus en Provence au XVIIIème siècle. Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie, on met les fillettes sous la protection de l’une ou de l’autre et on peut associer les deux, bien avant que Marianne n’incarne le symbole de la république
Ces deux prénoms forment le premier prénom composé, d’ailleurs suivant les actes on écrit Marianne ou Marie Anne.
En ce qui concerne notre Marianne, l’intention républicaine ne fait aucun doute si on met en parallèle le prénom de sa sœur jumelle Victoire.

Victoire
Plein d’espoir ce prénom donne une grande force à la femme qui le porte.
Victoire a une cousine germaine, prénommée Victoire Sabine, elle est née deux ans avant elle, en 1792. 
Le prénom Victoire s’est transmis aux descendantes de notre aïeule (sosa 17)
C’était le second prénom de ses deux filles. L’aînée s’appelle « Ursule » Victoire Louise. La quatrième Marie Victoire est mère d’une Victoire Marie


Il y a même chez les contemporains une Victoria qui doit tout ignorer de l’origine de son prénom. Je serai heureuse de lui conter la vie de notre aïeule.




Victoire et Marianne SIMON ont vécu dans ces maisons à Saint-Tropez. Leur père Bruno SIMON était capitaine marin.
J’ai écrit un petit article pour situer les jumelles dans nos familles de marins à Saint-Tropez. C'était lors du ChallengeAZ 2015, comme je l’aime bien je vous donne le lien pour le lire :


Bibliographie
  • Bernard Cousin, Prénommer en Provence (XVIe-XIXe siècle), in Provence Historique , n°212, 2003
http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/n/2003/Pages/PH-2003-53-212_03.aspx

2017-06-26

V_Vivarais-Velay pendant la Révolution

 
Mes ancêtres de ces forêts ne semblent avoir laissé aucune trace liée à cette période de la Révolution.



Je suppose que ceux de Haute-Loire et de l’Ardèche du nord ne se sont pas sentis très concernés; alors que ceux de l’Ardèche du sud seraient plus républicains.


Où trouver des arguments pour étayer ces hypothèses ?


Je n'ai pas cherché dans les archives; quoique je pourrais explorer la série L sur le site des AD07 et AD43 ainsi que je vous le conseille dans le billet I_Inventaire série L.
Je n’ai pas de références précises pour naviguer sur internet.


Je suis donc allée à la BML, la bibliothèque de Lyon. Vous trouverez ci-dessous la bibliographie que j'ai consultée.


La Révolution française n’est pas bien accueillie dans le Velay et en Vivarais où les populations restent fidèles au roi.
Les paysans sont propriétaires des biens où ils cultivent des pommes de terre, du seigle, un peu de chanvre, quelques arbres fruitiers : des châtaigniers, des noyers. Ils avaient quelques bêtes : vaches, mulets, chèvres… Mes grand-pères exploitaient leurs forêts, ils vivaient simplement mais bien.
 



Si l’on se fie aux rares cahiers de doléances qui ont été conservés, le pays ne semble pas supporter des redevances seigneuriales écrasantes, les propriétés du clergé ne sont pas très importantes. Mais cela il faudrait le confirmer par des recherches plus approfondies.

Dans le Bas-Vivarais, par contre, le peuple a une vie plus difficile, il y a des jacqueries, on se révolte contre les seigneurs, on brûle les châteaux.

Bibliographie
  • La Révolution française en Ardèche, acte des colloques de Villeneuve-de Berg et d’Annonay, 1988
  • Révoltes et espoirs en Vivarais, 1780-1789, Maurice Boulle, éd FOL, 1988
  • La Révolution Française dans la région Rhône-Alpes, Louis Trenard, 1992
  • La Révolution française en vallée de la Vocance, Bernard Vial, 1989


2017-06-24

U _ Une mère et son fils guillotinés et une histoire d’amour

 
Marie Catherine Patissier fut guillotinée le 30 juin 1794. 
Son fils Laurent Duvernay subit le même sort, onze jours plus tard. 
 



Je m’intéresse à eux, car nous avons un ancêtre commun, c’est le grand-père de Marie Catherine, Antoine Patissier qui vivait à Mâcon avant 1746.

Marie Catherine était veuve de Jean Duvernay. Son fils, prénommé Marie Laurent, lui avait causé bien des soucis.
Il avait 24 ans en 1792 et il était amoureux d’une jeune fille promise à un autre. 
Selon ses beaux-frères, « il avait cherché loin des yeux de sa mère plus de liberté dans les goûts d’une jeunesse effervescente ».

Laurent quitta Mâcon avec cette jeune fille, ils allèrent à Metz puis ils s’installèrent à Paris rue d’Anjou. A court d’argent, il demanda à sa mère de lui prêter six mille francs, en disant qu’il avait un plan pour acheter et revendre du vin à bon prix. Les Mâconnais sont spécialistes des affaires concernant le vin.
En fait, il avait le projet d’émigrer en Angleterre.
Sa mère lui refusa cette somme. Il fit quand même un court séjour en Angleterre. 
De retour à Paris, il apprit que sa mère avait été accusée d'avoir aider son fils à émigrer.
Laurent ne sut que faire et réagit avec une trop grande confiance dans la justice révolutionnaire. Il écrivit au Comité de Salut Public, Il se présenta lui-même à Robespierre et à Couthon en s’offrant d’être prisonnier en échange de la liberté de sa mère qui avait été emprisonnée. Cette maladresse causa sa perte.
Le 23 avril 1794, il fut écroué à la prison du Luxembourg.
Les tribunaux de province ayant été supprimés en mars, les accusés étaient jugés à Paris, par conséquent les prisons étaient saturées.
Fouquier-Tinville l’accusa, comme 550 autres accusés, de la prétendue Conspiration des prisons, en l’occurrence il fut jugé lors de la séance du 22 messidor an II de la 2ème conspiration du Luxembourg, qui permettait à une justice expéditive d’inventer un délit de conspiration et de purger les prisons.


Le 10 juillet, le malheureux jeune homme monta sur l’échafaud, ainsi que quarante quatre personnes dont un homme qui cria alors « Je suis le fils de Buffon » le naturaliste.


Accusée d’avoir fait émigrer son fils et entretenu des correspondances avec lui, Marie Catherine Patissier avait été guillotinée onze jours auparavant, le 30 juin 1794, ainsi que vingt cinq personnes.

Sources :

Histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la Révolution française, Louis Marie Prudhomme, 1796

Mémoires de la Société éduenne, Autun 

Archives nationales (Paris)-Tribunal révolutionnaire. Affaires jugées. 164pages
DUVERNAY (Laurent) : W 411, dossier 945. DUVERNAY (Marie-Catherine PÂTISSIER veuve) : W 400, dossier 927
Le tribunal révolutionnaire de Paris, listes, chiffres, graphiques.

2017-06-23

T_Trop c’est trop à St-Tropez et en Provence

Farandoles révolutionnaire à Riez


J’avais une grande envie de visiter ma Provence (voir ChallengeAZ 2015) et d’aller à Saint-Tropez (voir ChallengeAZ 2016) pendant la Révolution.
Vous avez pu lire le cahier de Doléances de Saint-Julien et je continue l’enquête pour voir quelles étaient les revendications de mes ancêtres provençaux.

En Provence, la Révolution fut bien accueillie.
Les hommes se réunissaient dans les clubs, ils contestaient les pouvoirs religieux ou seigneuriaux. Plus de la moitié des communautés était en procès avec son seigneur.
Sur cette carte d'entrée de la Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité, à Varages, 1792_1793, comme dans d'autres villes, la pique est l’emblème de l’homme libre. 


Carte de la Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité
à Varages, 1792_1793


Les habitants de la sénéchaussée de Draguignan ont rédigé des cahiers de doléances. Par chance, ils n’ont pas été perdus et ils ont été rassemblés par un archiviste, Frédéric Mireur.


J’ai parcouru quelques unes des 537 pages numérisées et consultables sur Gallica. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5597212r

La table des matières (p.521): c’est un index où sont rassemblés par ordre alphabétique les lieux, les termes de droit, et un florilège de mots dont j’extrais ceux qui me parlent :
« la mortalité des oliviers, des vignes, les moulins, les pâturages, les pigeons et les pigeonniers, le prix du sel, les truffes, les troupeaux… » autant de pages à ouvrir.

Il est particulièrement intéressant de lire un glossaire des termes empruntés soit à l’ancien droit, soit aux coutumes et institutions de la Provence. (pages 509 à 520) 


A Saint-Tropez, le 22 mars 1789, nos ancêtres demandent :

« Sur la répartition égale de l’impôt sur toute les terres, sans aucune exception, ni distinction, à perpétuité : il est juste, il est convenable que chacun, proportionnellement à ses biens, participe aux charges d’une société dont il profite des avantages. » (p.401)


Ils demandent la suppression de la dîme payée à l’Église.
«Le lieu de Saint-Tropez est d’ailleurs grevé de 60 000 livres de dettes pour avoir toujours seul fourni, […] l’entretien d’un port qui est l’unique sur la côte , de Toulon à Antibes, qui présente un asile sûr et commode à tous les navigateurs. »


Leurs voisins de Sainte-Maxime ont beaucoup d’humour :

« Sire, nous sortons du fond de la mer comme Jonas du sein de la baleine » 
Je vous invite à lire la suite pleine d'esprit (vue 407).





En dépit d’une déférence au roi au début de la rédaction de ces cahiers de doléances, la Provence reste réservée à l’égard du pouvoir parisien. 
La Révolution va transformer cette province, la diviser et la rattacher au pouvoir centralisé.

2017-06-22

S_ le sang de l’abbé Sauvade

Moulin de Richard
 
J’aurais aimé mettre une photo
des moulins papetiers d'Ambert

en particulier celle du Moulin de Richard Benoît Sauvade est né le 14 juillet 1743.

Souvenez-vous, je vous ai montré le berceau de son neveu Claude Sauvade qui a été le personnage de plusieurs articles publiés le mois dernier.

Valcivières, Puy-de-Dôme

J’aurais aimé vous parler de Valcivières, le village de nos ancêtres où il a exercé comme curé. Sa passion était de mettre au point des inventions pour améliorer la papeterie, d’autres pour sécuriser la fabrication de pièces et de papier monnaie, et celle à laquelle il tenait le plus : une machine hydraulique pour les vaisseaux.


J’aurais voulu savoir pourquoi l’abbé Sauvade était « prêtre et chapelain de la Maison Royale des Tuileries » en 1784. 
Lorsque le roi s’installe aux Tuileries en 1789, Benoît va vivre chez son cousin, Jean Blaize Vimal, ainsi que Jean François Gaultier de Biauzat, beau-frère de celui-ci.

La Révolution est en marche. 
 
Le récit suivant sera plus triste, puisque le sang de l’abbé Sauvade a coulé ce jour du 27 août 1792, à Paris.

Trois hommes arrivent sur la Place de Grève. L’un d’eux est Benoît, le frère de Jean Sauvade (sosa 124).


L’abbé Sauvade a affirmé son innocence tout au long de son procès.
« Puisqu’il faut des victimes, n’importe qu’elles soient innocentes. Je me dévoue. Mais souvenez-vous, Législateur,  que je mourrai pour avoir mis dans une malle, dont on m’a remis la clef et que j’ai remise de suite, trois cartons contenant le reste de la correspondance et autres papiers de commerce qu’elle contenait  quant elle a été envoyée, et dans laquelle il s’est trouvé quinze jours après, des papiers pour faire des assignats. »

Jean Blaise Vimal, son cousin a avoué, il est compromis dans une affaire de faux assignats. Un escroc s’est associé avec lui, puis l’a dénoncé pour toucher une récompense. Par jugement du 29 juin 1792, ils ont été condamnés à la peine de mort.
Jean François Gaultier de Biauzat (H : Honnête Homme) quitte Paris, désolé du procès de son beau- frère, une tête brûlée qu’il a toujours tenté de raisonner.


Les trois hommes montent sur l’échafaud, ils s’allongent sur une planche, posent leur cou exactement sous la lame de la guillotine.


Le bourreau est Gabriel Sanson, descendant d’une célèbre famille, de père en fils, tous sont exécuteurs des hautes œuvres .

Clac la lame tombe.


Le bourreau fanfaronne, 
en allant saisir la tête tranchée 
pour la montrer à la foule, 
il glisse sur le sang des guillotinés, 
il tombe et se fracture le crâne 
et il meurt sans avoir lâché la tête. 



Bibliographie

Laurence Froment, Les Vimal-Gaultier de Biauzat: heurs et malheurs d'une famille auvergnate, 1754-1792, Créer, 2007, 429 p.


Voir l'article que j'ai créé sur Wikipédia : Benoit Sauvade

2017-06-20

R_Révolution

désordre 
dans les lettres
désordre 
dans les familles
c'est la 
REVOLUTION


Un rêve : s’envoler en 1789


Tracer des volutes autour de la vérité


Vouloir l’égalité, la justice, la liberté


Et   la   fraternité dans un arbre généalogique universel

Love and peace, voilà le rêve révolutionnaire

la Révolution comme Saturne, dévore ses propres enfants*


Or  les loups ont volé le rêve

Ont ensanglanté la forêt de nos ancêtres

Ils  ont perdu la tête

N’oublions rien
 


* " La révolution, comme Saturne dévore ses propres enfants ", Georg Büchner, la mort de Danton

Q _ 14 juillet

14 juillet, Éric Vuillard,  ed. Actes Sud, 2016, 200 p. 



Du mouvement, de l’action, du verbe … quel récit ! La tempête grossit, c’est un déferlement auquel nous assistons en cette journée, la plus célèbre de l’histoire de la Révolution française à Paris.
L’écrivain annonce un projet qui me séduit  :
« Il faut écrire ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas écrit.»

Le peuple a faim, les récoltes sont mauvaises, la colère gronde. C'est la révolte, la foule grossit et se met en marche vers la Bastille.

p.72« On dit qu’il y eut, ce jour, près de deux cent mille personnes […] une fois retranchés les nouveau-nés, les vieillards et les malades ; cela veut dire que tout le monde y est. Ce doit être une foule prodigieuse,
Mais ce matin là, le 14 juillet, il y a les hommes, les femmes, les ouvriers, les petits commerçants, les artisans, les bourgeois même, les étudiants, les pauvres ; et bien des brigands de Paris doivent y être, attirés par le désordre et l’opportunité incroyable, mais peut-être aussi comme tout le monde, par autre chose de plus difficile à nommer, de plus impossible à rater, de plus jubilatoire. »

Alors l’écrivain doit mettre en oeuvre son  imagination pour raconter et l’on envie son style :
« de toutes parts, ça s’écoule, […].il y a des gens partout. Il faut imaginer ça. Il faut imaginer un instant le gouverneur et les soldats de la citadelle jetant un œil par-dessus les créneaux. Il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple. Il faut imaginer leur stupeur. Il faut imaginer le ciel obscur, orageux, […] mais surtout, la foule de toutes parts, aux bord des fossés, aux fenêtres des maisons, dans les arbres, sur les toits, partout.»

Éric Vuillard a compulsé les archives de la Révolution Française, il croque les portraits des acteurs et réussit à nous mêler à la foule. Nous sommes ces gens dont il énumère les noms, les métiers, les villages, les espoirs.

2017-06-19

P _chateau de Pierre Scize


S’il n’avait pas été démoli pendant la Révolution, 
je pourrais voir de chez moi le château de Pierre Scize.



Il ne faut pas croire qu'il porte le nom d’un homme célèbre. 

Pierre c’est le rocher sur lequel il est construit, il surplombe la Saône. 

Scize signifie que cette pierre est coupée, les ciseaux devaient être géants.



Cette forteresse fut construite au Xème siècle.
À la fin du XV, elle servait de prison; l’esprit de prisonniers célèbres flotte sûrement dans le quartier, parmi eux le marquis de Sade.


Prise par la foule en 1791, cette bastille lyonnaise fut détruite en 1793.


(en 100 mots)