2016-06-06

E_ un Enfant déposé dans l'Escalier



Il est 11 h et demi dans la nuit, ce mardi 21 avril 1829, François Audibert est déjà couché lorsqu’il entend qu’on appelle à plusieurs reprises. Il ouvre la fenêtre de sa chambre (je sais que c’est celle qui est la nôtre aujourd’hui). Il se penche pour regarder le seuil; il n’y a déjà plus personne dans la rue.




« Joséphine Casimir, venez voir ! » Il n’est pas bien commode le père Audibert. Quand il ordonne, ses enfants doivent obéir. Tous sortent sur le perron de la maison.

Sur l’escalier de sa porte  un panier d’osier en mauvais état, semblant contenir quelque chose, que l’ayant pris il avait reconnu qu’il contenait un enfant nouveau né […] emmailloté dans de demi laine retenu par une sangle de coton maillé bleu et blanc coiffé de deux callotes la supérieure de tissu de soie fond olive rayé en fillet jaune, et l’inferieure tissu de soie aussi  fonds rouge entouré d’une petite dentelle cousu ou nodée sur la callotte, le panier se trouvait recouver d’un fichu ou pointe jaune et et violé pale rapiessé et rajouté .
Ce petit garçon paraissait âgé de douze à quinze heures environ. Il ne portait aucune marque d’identité, ni papier ni chose propre à le faire reconnaître[1].

Joséphine et sa mère auront pris soin du bébé. Le lendemain à 9 heures du matin, son jeune frère Casimir, âgé de 26 ans dont la profession est menuisier beniste (sic), se rendit à l’hôtel de la mairie pour faire la déclaration.  Sur les registres d’état civil, il a inscrit l’enfant en lui donnant son premier prénom : Casimir Alexandre et pour nom Petrone.

Le bébé a été remis à Marie Ursule épouse d’Antoine Pellas sage-femme pour être de là transporté demain au matin au dépôt central des enfants trouvés à Toulon ou tout au moins au tour de l’arrondissement à Brignoles.

On peut se demander ce qu’est-devenu cet enfant ? J’aurais préféré que Joséphine le garde puisqu’elle n’a pas eu de descendance, cela me fend le cœur de savoir que ce nouveau-né a été abandonné sur notre escalier.

[1] Source : AD 83, registre 2MIEC2784R, p.145 et 146/311

5 commentaires:

  1. Histoire originale et surtout qui interpelle quant au destin de ce petit être abandonné. N'as-tu pas essayé de le retrouver ? Il y a moyen d'envisager là une vraie enquête !

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  2. Quelle histoire ! S'agit il de la maison où tu vis ? Une enquête à creuser effectivement, il doit y avoir des dossiers sur les enfants abandonnés.

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  3. Vos commentaires m'incitent à continuer mes recherches. mais, comme Feuilles d'ardoise et Lulusorcière, je suis pessimiste au sujet de ce bébé. S'il a été amené à Toulon ou au tour de Brignoles, il n'a peut-être pas résisté. Mais il faudrait que je vérifie cela.

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  4. Bonjour
    Je viens de trouver un acte de naissance relatant un enfant abadonné trouvé a la porte d'une maison (lire dans mon blog www.mclo85.over-blog.com) je me suis demandé ce qu'il était devenu mais je n'avais aucune piste.

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    1. C’est émouvant de rencontrer un acte de déclaration d’enfant abandonné, d’autant plus sur les escaliers de ma maison.
      Je n’ai pas poussé plus loin les recherches. Les nouveau-nés sont fragiles, ce bébé aura-t-il résisté à la longue route jusqu’au dépôt des enfants trouvés ? J’aurais eu de la peine à parcourir les pages et de la tristesse à découvrir son nom dans les actes de décès à Brignoles ou à Toulon, ne sachant où il a été déposé.
      Je garde en mémoire ce que dit LuluSorcière « un petit fantôme sur les escaliers de Briqueloup » et je pense à cet enfant souvent depuis que j’ai écrit ce billet.

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