2016-06-03

C_ Cahier de doléances

Mes ancêtres ont participé à la rédaction de ce cahier de doléances dont j’ai pu acheter un exemplaire chez un bouquiniste. Ce n’est pas un document très rare, mais c’est avec émotion que je l’ai ouvert.
 
Délibération du Conseil général et extraordinaire de la communauté du lieu de St-Julien-le-Montagnier, Viguerie de Barjols‎ _ 22 Mars 1789, plaq. in-8, 20p‎

Oh ils étaient en colère depuis longtemps, les habitants de ce bourg qui souffraient des abus de la féodalité. Saint-Julien appartenait à la seigneurie des Forbin d’Oppède qui leur ont rendu la vie bien difficile, le bourg n’a jamais pu s’enrichir, il n’y a pas de belles maisons bourgeoises comme l’on peut en admirer en Provence.
A lire les délibérations communales, on se rend compte des charges qui accablaient le peuple. Les Inventaires des archives communales antérieures à 1790 ne sont pas consultables, mais les transcriptions faites par F.Mireur, mises en ligne sur le site des AD 83[i]  apportent des informations importantes.

Il est question des droits féodaux, des cadeaux offerts à la famille du seigneur à l’occasion de mariages, de déplacements, de levée de l’armée…
En 1673, la situation : "le seigneur est seigneur du lieu in totum, qu’il n’y a aucun bien dans la communauté qui ne dépende de sa directe, la communauté ne possédant qu’une mauvaise maison de ville et l’hôpital qui est sujet à ladite directe et paye le cens audit seigneur."[ii]
En 1675, Jean Baptiste de Forbin-Mainier marquis d’Oppède est accablé de dettes, il vend son fief ; cependant il se réserve les fours, les moulins, la basse juridiction et le droit de lods. La communauté de Saint-Julien réfléchit, consulte deux avocats puis accepte l’offre pour 27000 écus et contracte un emprunt pour payer[iii].On peut commencer à défricher les bois du Défends. S’ensuivent des demandes récurrentes pour payer des dettes supplémentaires du marquis, des procès pour préciser les droits pour lesquels il faut encore payer. En 1757, la vente est révoquée par le petit-fils Forbin. Les villageois perdent leur procès, les frais des tribunaux et doivent payer 85 ans d’arriéré de taxes.  Et surtout ils manquent de considération.
Lorsque la Révolution éclate, les hommes démolissent le château qui n’était ni grand, ni habité, mais un symbole du pouvoir détesté. 
 

Il est étonnant de constater que les familles de Saint-Julien ont, jusqu’à une époque très récente, complètement oublié ce château. Il reste quelques pierres, la voûte d’une salle dont on ne connait même pas l’usage.


cahier de doléances de St-Julien 
Le dimanche 22 mars 1789 après-midi, « Le conseil général et extraordinaire de la communauté de ce lieu s’est assemblé à son de cloche & cris publics, à la manière accoutumée, dans la salle de la maison commune. »

Le discours de Pellas maire-consul commence ainsi :




Dans le récapitulatif des impôts et des charges, 
il apparaît que la Communauté paye :

  • Au seigneur, une pension féodale, des droits de fournage, de moulin, etc.
  • Au clergé, la dîme et la prébende.
« tandis que les deux premiers ordres prennent sur les possessions de la nation cinq fois plus que le souverain, auquel seul nous devrions payer des impôts … »

Par chance, ce document donne les noms et prénoms des hommes, précisant leur profession. 
Voici ceux qui sont liés à l’arbre de notre famille :
Sr François Aymar, négociant (sosa 350) ; Sr Pierre Philibert, négociant (sosa 174) ; autre Sr Pierre Philibert (demi-frère de sosa 174), aussi négociant ; Jean François Audibert (sosa 86) aubergiste ;
Paul Davin, maréchal à forge (cousin de sosa 174) ; Jean Joseph Gazagne (cousin de sosa 174) maçon ; Antoine Gasagne (père) maçon ; Joseph Berne (beau-père de la fille de sosa 86) maître chirurgien. 


[i] AD83, cote 2MI216R1
[ii] AD 83, cote 2MI216R1 p.34/423
[iii] AD 83, cote 2MI216R1 p.36/423

P.S. Sur http://gallica.bnf.fr/ on peut trouver plusieurs cahiers de doléances.

3 commentaires:

  1. Une source méconnue du généalogiste, et pourtant intéressante pour qui s'intéresse à leur environnement de vie.
    Merci de nous l'avoir faite découvrir !

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  2. C'est une source bien intéressante. Il faudra que je vérifie lors de mon prochain voyage aux AD si en Isère de tels documents sont conservés.

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  3. Certains départements ont mis en ligne des cahiers de doléance, c'est toujours une lecture instructive

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