2016-05-31

Mon village en Provence

Présentation du ChallengeAZ 2016



Mon village en Provence
Ce sera le thème de mon deuxième ChallengeAZ dont vous pourrez lire 26 récits centrés autour de l’une des forêts de Briqueloup, celle de mes ancêtres qui ont vécu en Provence.
Après les marins en Méditerranée de l’édition ChallengeAZ 2015, je continue à explorer ma famille paternelle qui vivait dans le Var, une forêt bien loin de la mer.

Ces billets raconteront ma maison, les ascendants de ma grand-mère, les collatéraux qui ont vécu dans le bourg, les événements auxquels ils ont participé, les objets qu’ils ont utilisés, les contrats qu’ils ont signés…
Autour de cet alphabet, j’aurais essayé de rassembler quelques traces de A à Z, c’est ainsi que j’habite cette forêt qui m’est chère.

2016-05-30

Le nid



Au printemps, un couple d’oiseaux et leurs petits habitent sous la fenêtre de notre chambre. Il est rare pour moi de pouvoir aller en Provence au moi de mai, et cette année j’ai apprécié ce bonheur.
Les jours s’allongent, fleurs, parfums, lumière et chaleur douce, le printemps est radieux. Les oiseaux chantent … Justement un couple de queue-rousse s’affaire, traverse la rue, revient, papillonne en s’accrochant sur les façades. Dans le nid sous les tuiles, les petits piaillent, ils ont faim.
Les parents queue-rousse crient, ils sont en colère parce que notre présence devant la maison les dérange, ils n’osent plus aller et venir pour donner la becquée.

La voisine me dit que ces oiseaux nichaient déjà là, à l’époque où mes parents venaient dans leur maison. Il y a plus de dix ans donc qu’ils reviennent au mois de mai pour faire leur nid sous notre fenêtre. Des générations d'oiseaux, comme les générations de mes ancêtres, se succèdent ici. Combien de générations d'oiseaux migrateurs ? Pour les queue-rousse, je ne sais pas. En ce qui concerne mes ancêtres, je vais vous le dire bientôt.
La famille des queue–rousse connait bien notre maison, celle dont je vais vous raconter l’histoire  #ChallengeAZ

2016-05-29

"L'Imposteur"

 "L’Imposteur", Javier Cercas,  Ed. Actes Sud, 2015


Enric Marco est un menteur. Javier Cercas se défend d’être un conteur de fables et décide d’écrire un roman de non-fiction pour comprendre cet imposteur. Mais comment ne pas se perdre dans ce flot d’affabulations qu’est la biographie de Marco ? L’écrivain choisit de se mettre en scène, menant son enquête sur le passé louche de cet opportuniste.
Le vieil Enric raconte le parcours d’un héros dont il dit que c’est son histoire. L’écrivain va s’employer à faire tomber les masques de ce Don Quichotte de notre temps. Marco se révèle un faux héros qui pourrait personnifier l’Espagne se relevant de la sombre période de la guerre civile, du franquisme et de la collaboration. Le plus énorme de ses mensonges fut de se faire passer pour un survivant de l’holocauste en usurpant l’identité d’un déporté espagnol.
Explorant les méandres de la mémoire, le romancier réussit le tour de force de nuancer chaque phrase, grâce à son style époustouflant de virtuosité.

Autour du mensonge et de la vérité, ce roman fait appel à l’intelligence du lecteur. Il propose une réflexion sur notre époque, sur les mémoires individuelles et politiques qui réinventent le passé. 

2016-05-23

"Un membre permanent de la famille »

"Un membre permanent de la famille" Russell Banks, Ed.Acte Sud, 2015


Une douzaine de nouvelles mettent en scène des personnages en train de vivre de situations qui deviennent compliquées. Aux Etats-Unis, quand les ennuis commencent, tout peut basculer.
Russell Banks excelle à faire monter la tension qui maintient son lecteur en haleine.
 Ce sont des histoires de famille, comme le laisse pressentir le titre du recueil.
Sur la couverture du livre, un chien est le personnage principal de la nouvelle éponyme. Un animal doit-il être considéré comme un membre de la famille, permanent de surcroît ? 
Voilà une question pour les généalogistes, n’est-ce pas !
Ces instantanés racontent la vie de la classe moyenne américaine, son désarroi face à la solitude, ses rêves d’amour déçus, ses illusions sur le bonheur d’acheter …

Voici un aperçu pour vous donner envie de lire ces nouvelles :

Écouter battre dans une poitrine le cœur de celui qui manque.
Un père  échappe au contrôle de ses fils et commet des graves bêtises.
Une veuve découvre la possibilité de renaître pour une nouvelle vie, alors qu’elle fait le deuil de son mari.
Un ex-époux, en apparence tranquille, laisse la colère s’emparer de lui le soir de Noël.
Un couple en camping-car qui ne peut que rester silencieux face au deuil de leur chien.
Une fête chez des amis qui risque fort de mal tourner pour un homme vaniteux.
Les personnages balancent entre sauver les apparences ou se laisser aller vers le désespoir et en mourir. Entre mentir et ne plus savoir si l’on parle de soi. Les rôles s’inversent et l’on ne sait pas toujours qui est innocent, coupable ou irresponsable.
Les relations familiales sous la plume d’un grand écrivain, on est ému on aime.

Morceaux choisis :

  •  « Se sentait-il vraiment aussi seul qu’il l’avait fait croire à Ellen ? Si son mariage ne le faisait pas exactement souffrir, il le trouvait ennuyeux et se sentait invisible dans cette vie conjugale, comme un vieux meuble qu’on ne peut pas déplacer ou remplacer sans chambouler tout le reste de la pièce et que, du coup, on laisse là où il est en ne tenant plus compte de lui. »
  •  « Bien sûr, que je l’aimais ! Et il va me manquer terriblement. Nous avons été mariés trente-sept ans. Et je pourrais me focaliser là-dessus, sur ce que j’ai perdu. Je devrais peut-être, d’ailleurs. La plupart des veuves le feraient. Ou bien je pourrais me focaliser sur ce que j’ai vécu de bien, trente-sept ans en sa compagnie, et en être reconnaissante. Mais quand tu as été toute ta vie mariée à quelqu’un et que ce quelqu’un meurt, d’une certaine façon tu meurs aussi. Sauf si tu décides de renaître transformée en quelqu’un d’autre, en une personnalité encore indéfinie. Alors, c’est presque comme si tu avais l’occasion de redevenir adolescente. Pour l’instant c’est comme ça que je me sens. »
  •  « - Oh, je le sens. Tu le sens toujours quand un homme est dans la maison. Il a tendance à pomper toute l'énergie disponible. »
  •  « Après presque quarante ans de vie conjugale, Isabel, comme n’importe quelle autre femme, avait fait tant de petits compromis, tant de concessions pour faire coïncider sa vision de ce qui était désirable et nécessaire avec celle de son mari, qu’elle ne savait sans doute plus ce qui, pour elle seule, était désirable et nécessaire. »
. "C’est quelque chose comme : si on sait qu’on est vivant, on sait qu’on va mourir
— Alors vous avez décidé d’oublier que vous étiez vivant.
— Oui.
— Ce qui revient à mourir avant votre heure.
— Oui, c’est ça.”
               
" Pas mariée, pas d’enfants, pas de famille proche dans le coin, et cetera. Pas de vrai petit ami. Rien qu’un chat du nom de Spooky pour m’accueillir quand je rentre du travail. Ça veut dire être seule au monde, Stanley.
— Et ça ne te pèse pas, la solitude ?
Elle a haussé les épaules : “Pas plus qu’à toi, je pense. Avec ta femme, tes gosses et ton monospace."

  •  « Car bien qu'alors aucune des choses simples n'ait été particulièrement difficile pour eux, ils étaient assez vieux pour savoir que tout ce qu'ils ne feraient ou ne verraient pas maintenant, ils ne le feraient ni le verraient jamais. »

2016-05-21

"La cache"

"La cache" roman, Christian Boltanski, Ed. Stock 2015 



Pour parler de sa famille, Christian Boltanski, décrit sa maison. Il en dessine le plan qui devient de plus en plus précis. Il nous invite à en faire le tour, en dix chapitres, de la cour au grenier, sans éluder La Cache mystérieuse du titre.
Le romancier n’évite pas non plus de se confronter à l’histoire familale, même dans les lieux d’ombre, de génie et de névrose.
A l’origine ses ancêtres sont venus d’Odessa avec leurs secrets. A la génération suivante, son grand-père déboussolé par sa judéité doit se cacher dans l’entre-deux, sa grand–mère apparaît complètement timbrée. Puis son père, ses oncles, érudits, artistes, reconnus... Voilà la famille de Christian Boltanski ! Une famille soudée, excentrique, assumant son originalité, son désir de liberté. L’auteur est touchant lorsqu’il raconte ses recherches pour comprendre sa généalogie. Son projet est courageux : explorer la vérité de l’histoire entre la honte et la fierté d’appartenir à une famille tellement hors du commun.

J’ai aimé cette belle manière d’écrire tout ce qui se transmet de tendresse, de non-dit et de névroses sur plusieurs générations. 

« Quand je pose cette question toute simple autour de moi, j’obtiens des réponses embarrassées et contradictoires. Je suis incapable de décliner leur identité au complet. Ce sont presque des anonymes dont la vie se résume à une poignée d’anecdotes. » p.89
L’aïeul : « Avant d’entamer mes recherches j’ignorais jusqu’à son prénom. Mon père l’avait oublié » p.90

2016-05-11

"La carte des Mendelssohn"

"La carte des Mendelssohn" roman, Diane Meur, Ed. Sabine Wiespiser  2015 



Tous ceux qui se passionnent pour la généalogie pourraient être enthousiasmés par l’entreprise de Diane Meur qui a voulu raconter la famille Mendelssohn.
L'incipit donne le ton du récit :
« Au commencement, il y avait un homme… Eh bien non. Au commencement, il n’y a jamais un homme, ni une femme d’ailleurs, ni même un homme et une femme, pas plus qu’il n’y eut un premier jour et une première nuit. Ce sont des multitudes d’ancêtres dont le nom s’est perdu, de plus en plus nombreux et incertains à mesure qu’on remonte […] dans ce domaine, il n’y a pas de commencement. »

Interpellée par la configuration familiale originale : un grand-père, Moses, philosophe vivant à Berlin, au siècle des Lumières, un petit-fils Felix Mendelssohn Bartholdy, musicien, compositeur de génie, l’auteure a décidé d’écrire l’épopée de cette famille. Comme l’annonce le titre, c’est le modèle de la carte qui s’est imposé et pas celui de l’arbre.

Lors de la dédicace qui a suivi une rencontre, à la librairie Passage, j’ai échangé quelques mots avec Diane Meur. Elle se défend de faire un travail de généalogiste, elle n’a pas utilisé de logiciel pour se repérer, elle a dessiné une carte qui s’est déployée dans des proportions gigantesques.
On peut voir cette carte sur le site de l’éditeur Sabine Wespieser : http://www.swediteur.com/p/CarteMendelssohn/

« Ce qui me fascinait dans cette généalogie de Moses, c’était l’aspect de réseau, de rhizome, de maillage, et même ma façon de réfléchir en était contaminée. Au lieu de suivre linéairement un individu ou un thème, je le rattachais à tous les autres individus ou thèmes qu’il m’évoquait, je ne pensais que grille, trame, arborescence, entrelacement de nœud et de liens. » p.188
Au risque de perdre la tête devant un projet qui s’avère tentaculaire, elle raconte les descendants de Moses à travers le monde.

Il se trouve que j’ai dans mon logiciel de généalogie, l’ascendance de Félix Mendelssohn, car j’avais dressé l’arbre d’un ami. Je lui ai appris qu’il est descendant de Saül Wahl Katzenellenbogen qui est un ancêtre à la 8ème génération du célèbre Félix. On trouve des rabbins ayant voyagé, depuis l’an 1000 à travers l’Europe, de Prague à Venise, de Padoue à Brest-Litovsk, avec des légendes et des parcours incroyables.
La découverte de cette parenté m’avait paru époustouflante. Pour ma part, j’en ai été bien plus impressionnée que les intéressés.

La romancière fait aussi cette rencontre avec certains descendants.  « Ils n’y attachaient pas grande importance, mais cela m’intéressait : toutes les positions possibles par rapport à un ancêtre illustre (ou non) m’intéressaient depuis le culte béat jusqu’à l’indifférence totale.» p.188 
Merci Diane d’ouvrir le spectacle en considérant toutes les attitudes possibles.
Ce roman n’est pas un récit généalogique, c’est la recherche de Diane et c’est justement ce qui me plait
« J’ai compris que je n’écrirais pas le roman des Mendelssohn mais le roman vécu de ma recherche sur les Mendelssohn »  p.143
La narratrice se met en scène dans son récit, elle nous fait part de l’avancée de son exploration mêlant ses propres sentiments à ceux des personnages, interpellant le lecteur avec humour pour justifier ses digressions.
C’est un vrai travail d’écrivain, Diane a réalisé un chef d’œuvre d’artisan de la généalogie.

2016-05-02

Pour une recherche : Hypothèques (I)

Lorsqu’un bien change de propriétaire par vente, par donation, les hypothèques gardent la trace de cette translation. Cela sert de garantie pour le créancier. Le Trésor Public reçoit la perception de la taxe pour chaque acte.

Les Archives Départementales du Rhône proposaient un atelier que j’ai suivi avec intérêt.

Les archives foncières : hypothèques

Pour pratiquer sans attendre, je vais consulter les tables alphabétiques des patronymes, sur l’ordinateur en salle de lecture aux AD 69 ; ce n’est pas disponible en ligne.
Déjà, je suis ravie de trouver les noms de la famille et de découvrir que plusieurs personnes ont fait des transactions.


Mais ensuite, tout se complique et je me résous à demander de l’aide, comme le proposait l’archiviste lors de l’atelier.
Il me semble que je comprends bien, mais je constate que seules les cotes notées avec la professionnelle me conduisent aux dossiers que je cherche. Les miennes débouchent sur des documents sans intérêt. 
À refaire !
Deuxième jour aux AD, je suis complètement perdue. Je tente de faire des fiches par individu. Je ne suis plus du tout certaine de comprendre la démarche à suivre.
J’appelle une archiviste sympa qui me porte secours. À ma décharge, je me rends compte que le serveur fonctionne mal ce jour-là. Elle m’explique comment passer à l’étape suivante. Chic ! le document du classeur papier est numérisé. Je pourrais le consulter depuis chez moi. Et même le télécharger en pdf.
Sur le site AD 69, il faut trouver la porte d’entrée qui est bien cachée dans la page d’accueil :
Cliquer sur le bandeau noir, en bas de la page.


Plan des recherches _ Toutes les archives _
Archives numérisées _ Sujet : hypothèques_ valider pour faire apparaître la liste.
J’ai sélectionné :
4 Q 5 - Hypothèques, Conservation de Lyon, bureau unique. - Registres de formalités,...
Tables alphabétiques, répertoires des formalités, registres de dépôts, registres d'inscriptions, registres de transcriptions,...
Date 1799-1900
Autre Instrument de recherche

Démarche à suivre :

Consulter le registre de la table alphabétique par nom des propriétaires.
Dans la table 4Q5/35 (voir photo ci-dessus)
 Falcouz Antoine _     vol 167_ case 444
     Ce registre donne accès au répertoire de formalités

Dans le classeur du répertoire de formalités ou le document pdf
            vol 167  _____ 262       
Commander le registre  4Q5 / 262
Dans ce registre, chercher la page où se trouve la case 444

   
Transcriptions (page à gauche)   = l’acte du notaire

 Inscriptions (page à droite) = résumé bref


Transcriptions

Dans le classeur du répertoire de formalités ou dans le pdf
Chercher les transcriptions hypothécaires.
Voir dans la 1ère série, et ensuite dans les autres, jusqu’à ce qu’on trouve. Il est important de bien vérifier que les dates correspondent.

3985* ___________ 28 août-4 octobre 1850___volume 506 (article n°8)
Date : 30 août 1850

4044* ___________ 16 juin-7 juillet 1855 ____volume 622 (article n°124)
Date : 4 juillet 1855

4061* ___________ 5-17 mai 1856 _________volume 656 (article n°10)
Date : 7 mai 1856

Commander les cotes suivantes :
4Q5/3985
4Q5/4044
4Q5/4061
Registres de transcriptions hypothécaires




Ce n’est pas facile de trouver l'article, c’est encore la date de l’acte qui sera utile pour atteindre la bonne page.

Voilà ce que je découvre des transactions d’Antoine Falcouz, marchand fabricant de chapeaux (sosa 92 des mes enfants).  Il est le beau-frère de Zélia et l’oncle de Jeanne.
4Q5/3985 _ acquisition d’une maison, rue de l’arbre sec à Lyon
4Q5/4044 _ donation de cette maison à son fils, contient le contrat de mariage.
4Q5/4061 _ acquisition maison place des Célestins

Il ne reste plus qu’à poursuivre les recherches concernant d’autres personnes.
Ce sont de nouvelles pistes que je ne vais pas manquer d’exploiter.


Je suis allée aux Archives du Var 
pour une recherche : hypothèques II. Je la décris ici :