2015-09-23

Sur les chemins de Toscane

Pienza (suite)


Un jour mes ancêtres sont partis sur les chemins de Toscane. On les a incités à quitter Pienza pour s’installer dans l’île du Giglio. La vie n’était-elle pas plaisante dans ce bourg de Pienza dont j’ai raconté, dans l’article précédent, l’histoire hors du commun  ?


Entre 1500 et 1600, cinq familles des miens ont vécu ce déplacement; et leurs descendants ont pris racine dans l’île.

Nous étions à Pienza, de nombreuses questions me venaient à l’esprit. Je me demandais comment les hommes voyageaient. Les villageois se rendaient-ils facilement dans la belle ville de Sienne ? La via Francigena traverse le Val d’Orcia, ils ont pu emprunter le chemin des pèlerins pour se rapprocher de la côte. 
Mais tout compte fait, la côte méditerranéenne n’était pas éloignée de plus de cent kilomètres, on parcourait cette route en quelques jours, pour ensuite s’embarquer pour Giglio. Nos ancêtres pouvaient probablement rendre visite à la famille restée à Pienza et donner envie à d’autres personnes d'émigrer.


Ambrogio Lorenzetti, Effets du bon gouvernement, Sienne

M. Aymard parle de l’attirance de la Méditerranée pour les habitants des montagnes. La main-d’œuvre nécessaire aux travaux des champs dans la Maremme Toscane est envoyée par des chefs qui passent contrat avec les propriétaires pour certains émigrants. « D’autres se mettent au service des États et des villes aux premiers, ils servent de soldats […] Aux seconds, ils fournissent toute une population de boutiquiers, d’artisans, de petits commerçants. » 
Je ne sais quels étaient les métiers de ces hommes qui ont repeuplé l’île du Giglio, je sais qu’avec leurs épouses ils ont élevé leurs enfants dont la descendance est innombrable. C'est une de mes forêts !

Bibliographie
Maurice Aymard, Migrations in La Méditerranée, Les hommes et l’héritage.  sous la direction de Fernand Braudel, Flammarion
Patrick Boucheron, Conjurer la peur, Sienne 1338-Essai sur la force politique des images, Seuil 2013 


Voir aussi :

2015-09-18

Pienza en Toscane


Une envie de suivre la route des crêtes siennoises (crete senesi), cette voie qui serpente à travers les collines d’argile où l’on s’arrête à tout bout de champ pour photographier les paysages de Toscane : les lignes de cyprès conduisant aux maisons, les champs de tournesols, les champs de blé, les champs moissonnés puis labourés dévoilant leurs entrailles, mottes de terre grise. Un émerveillement !

Nous étions passés dans le Val d’Orcia, San Olivetto… il y a six ans. Je ne me doutais pas, alors, que mes ancêtres vivaient dans cette belle Toscane. 

Je connais leurs noms de famille :

Aldi, Biondi, Cipriani, Miliani, Preziani. 

Nous avons fait un jour le voyage à Pienza pour nous imprégner de l’ambiance de leur lieu d’origine.


Et cette année, un détour pour revoir Pienza s’est imposé. 


Ce bourg perché sur une colline est le berceau de cinq familles de mes ancêtres qui habitaient là au Moyen-Age.


Fresques de la librairie Piccolomini 
à Sienne, par Pinturicchio,1505
Le départ pour le concile de Bâle.
C’est justement l’île de Giglio 
que l’on aperçoit au large.







Pienza doit son nom au pape Pie II. 
Cet homme,  un des  plus grands lettrés de son époque, poète, diplomate, voyagea beaucoup; il s’appelait  lui-même : « varia videndi cupidus »   « désireux de voir une quantité de choses. »
Il a réalisé son rêve de construire la cité idéale à Pienza où il est né en 1405. 

A cette époque, mes ancêtres vivaient dans ce bourg dont une grande partie appartenait à la famille Piccolomini; ils ont dû le connaître, le fréquenter.
 
« Un village peu connu, mais doté d’un air salubre, d’un excellent vin et de tout ce qu’il faut pour se nourrir.» écrit-il dans ses comentarii.

Lorsqu’Enea Silvio Piccolomini est devenu pape en 1458, il revient dans son village natal, qui se nommait alors Corsignano, pour construire sa résidence d’été. Touché par la misère des habitants ce brillant humaniste du Quattrocento crée une citée idéale « née d’une pensée d’amour et d’un rêve de beauté » (selon le poète Giovanni Pascoli). 
La construction Pienza par les artistes de la Renaissance commence en 1459. Pie II peut admirer le chef d’œuvre architectural : la place de la cathédrale et les palais sont édifiés en trois ans.

Pour une visite de Pienza, je vous propose ce lien : /http://www.borghiditoscana.net/fr/pienza-sienne/

Enea Piccolomini meurt en 1464. 
Il dote généreusement sa famille dont il veut renforcer
Pienza, via del Giglio

le pouvoir.
Un de ses neveux est Pie III, un autre, Andrea est le seigneur de l’île del Giglio. Ce qui explique que nos familles soient parties s’installer à Giglio au XVIe siècle.

Cette via del Giglio qui, lors de ma précédente visite, me paraissait une coïncidence, (ou peut-être la rue du lys) confirme ce lien entre ces lieux chers à mon histoire.



Sources :
La Libreria Piccolomini à Sienne in La Route des Fresques
Blog qui présente de nombreuses scènes qui témoignent de la vie en Toscane :

Le patronage architectural du pape Pie II Piccolomini :

Voir aussi :

2015-09-06

Giovanni Angelo MAI (di Napoli)

Nous roulons vers le nord, à droite le Vésuve domine longtemps, il est endormi mais il en impose.
Cette année, nous ne nous attarderons pas sur la côte amalfitaine, nous n’irons pas dans l’île de Procida ; c’est frustrant mais il faut rouler pour rentrer chez nous.



Au XVIe siècle l’Italie n’existait pas encore.
Mon ancêtre à la XIII génération,   Giovanni Angelo MAI est né dans le royaume de Naples en 1541.
Il a quitté son pays pour s’installer à Giglio. On lui connait trois fils : Giuliano (sosa 2084) né en 1566, Raffaello, et Girolamo recensé en 1570 à Giglio.
C’est mon ancêtre le plus méridional, dont je connais l’existence avec certitude. Il a certainement d’autres descendants dans le monde. Entre lui et moi : 1000 km, chacun de nous se tenant aux extrêmes de la géographie et du temps.


Je suppose que la famille MAI devait habiter dans un port du golfe de Naples. Quelle rencontre l’a décidé à partir pour l’île du Giglio ?
Les hommes étaient peut-être matelots, pêcheurs, pêcheurs de corail ; Giovanni Angelo avait envie d’un métier moins périlleux.
Quelle fut sa vie sous le Vésuve ? Ce volcan faisait-il partie de son paysage familier, lui a-t-il manqué ?

GioAngelo est une feuille de mon arbre qui a poussé sur les cendres du Vésuve.
Je suis heureuse de penser à cet ancêtre.

2015-09-03

"Etre le descendant de greffes multiples"

Le 31 mai 2015, aux Assises Internationales du Roman, (AIR à Lyon) nous avons assisté à la rencontre suivie de lecture avec Erri De Luca  .

Je viens de lire ce livre. 
Un nuage comme  tapis
Erri De Luca, 2015, Folio, n°5910

J'ai envie de citer un paragraphe du dernier chapitre qui parlera aux généalogistes.


« Pour un citoyen de la Méditerranée dont la généalogie se perd au détour de la courbe d’un arrière-grand-père, la conjectures est vraisemblable. Qui d’entre nous peut exclure le Phénicien, l’Arabe, le Normand, et surtout l’Hébreu, de l’enchevêtrement de ses ancêtres ? Un jour on trouvera le moyen de remonter les générations et de reconstituer le buisson des croisements qui nous ont précédés et, en grande partie déterminés. Être le descendant de greffes multiples sera alors un titre et la noblesse tiendra au fait d’avoir trouvé dans son propre cadastre ancestral le plus de souches, le plus de peaux, le plus de religions. »

Je suis la descendante de Méditerranéens, j’en prends conscience de plus en plus. Au cours des siècles, mes ancêtres sont remontés vers le nord. Pour ma part j’ai toujours vécu loin de la mer, ce n’est pas mon élément, mais cette Mare nostrum devient un espace où voyage mon imagination et dont je visite l'histoire. Le mythe familial d’un ancêtre marin en Méditerranée a fait son chemin, de surcroit en explorant cette branche, j’ai trouvé des centaines de traces méridionales.
Cette année l'actualité raconte l'arrivée de migrants qui fuient des pays devenus invivables pour eux ; beaucoup perdent leur vie dans notre mer Méditerranée. Faisons le vœu que la dernière phrase citée inspire les générations futures.